- UNIONISTES
- UNIONISTESUNIONISTESNom donné aux partisans, en Angleterre et en Irlande, du maintien partiel ou total de l’Irlande dans le Royaume-Uni. Il est employé publiquement en 1885-1886 par ceux des libéraux britanniques qui sont hostiles au projet de Gladstone d’accorder un Home Rule aux Irlandais. Derrière Joseph Chamberlain, une coalition de radicaux et de whigs constitue le Parti libéral unioniste qui présente des candidats séparés lors des élections de 1886, remporte soixante-dix-huit sièges et, désormais allié aux conservateurs, se confond peu à peu avec eux. Les unionistes réussissent à bloquer jusqu’en 1912 toute velléité de revenir à l’autonomie interne de l’Irlande et leur doctrine devient celle du Parti conservateur tout entier. En Irlande même, ils rallient surtout les protestants des comtés du Nord, qui préparent ouvertement une guerre civile lorsque le Parlement vote enfin un Home Rule que l’opposition des Lords ne devrait pas retarder au-delà de 1914. La guerre remet les choses en question. Au lendemain du conflit, Lloyd George fait triompher le compromis qui crée l’Ulster détaché de l’Eire et uni à la Grande-Bretagne. Par la suite, les gouvernants de l’Ulster, issus du monde protestant, regroupés pour la plupart dans le Parti conservateur, s’efforcent d’empêcher la propagation des idées unificatrices, de conserver la prépondérance protestante en s’appuyant sur des organisations locales, dont l’ordre d’Orange, de maintenir l’alliance avec les tories de Grande-Bretagne. Dépassés par l’évolution sociale, favorables à un travaillisme irlandais, effrayés par la poussée démographique catholique et la revendication d’une égalité civique en Ulster, hostiles à toute fusion des deux parties de l’île, les unionistes se montrent incapables, dans les années 1960, de maintenir l’ordre et la paix dans les six comtés. Leur cause trouve moins de soutien en Angleterre et seule une minorité des conservateurs britanniques demeure obstinément fidèle aux vieilles idées unionistes. La bataille pour l’unionisme est devenue une lutte pour un certain ordre social et religieux et, plus complexe, attire moins les sympathies.Les unionistes n’en parviennent pas moins à leurs fins en ruinant, en mai 1974, une première grande tentative de réconcilier catholiques et protestants, sous l’égide de l’Eire et du Royaume-Uni, en les réunissant dans un gouvernement de coalition (accords de Sunningdale): une grève générale des protestants emporta alors le gouvernement de Belfast dans la tourmente. Depuis lors, bien que faiblement soutenus à Westminster, ils ont saboté tous les efforts. Cela jusqu’au Forum de 1984 qui relance l’idée d’une solution avec l’appui de Dublin et, surtout, aux mesures acceptées par l’Eire et la Grande-Bretagne en 1986 pour garantir en commun l’application d’un système de sécurité en Irlande du Nord: les unionistes, convaincus que Margaret Thatcher prépare l’abandon de l’Ulster, sont alors tentés par la violence, y compris contre les forces de police à majorité protestante, mais fidèles au gouvernement. Lors des élections générales de juin 1987, la majorité unioniste tombe de 437 000 à 400 000 voix, signe d’un certain désenchantement. En mars 1991, pour la première fois depuis 1922, les unionistes acceptent de s’asseoir à une table avec les représentants de Dublin. Cette négociation se solde par un échec et les actes de violence se poursuivent. Le 27 octobre 1993, cherchant à rassurer les unionistes qui redoutent une coalition «pannationaliste» acharnée à leur perte, le ministre irlandais des Affaires étrangères Dick Spring énonce Six Principes pour la paix. Le 15 décembre, dans une déclaration conjointe, le Premier ministre britannique John Major et son homologue irlandais Albert Reynolds s’engagent à respecter les droits et l’identité des deux communautés nord-irlandaises. Seuls les unionistes y sont opposés, le chef du Parti unioniste d’Ulster, James Molyneux ayant élaboré une contre-proposition. Le 31 août 1994, l’I.R.A. décide de cesser «ses opérations militaires». Les négociations peuvent donc se poursuivre.
Encyclopédie Universelle. 2012.